Ma meilleure anecdote ? Mon premier brassin ! – Extrait d’une interview pour Studio-Madame.fr
J’ai récemment été contacté pour une interview par une aimable graphiste intéressée par la bière, Raphaëlle, et elle m’a posé une question à laquelle je ne m’attendais pas, dont je me fais maintenant un plaisir de partager la réponse ici, car c’est un de mes souvenirs les plus marquants de ma (courte) carrière de brasseur et un bon fou rire surtout !
Une anecdote rigolote ou sympa à partager?
Je pense qu’une des meilleures anecdotes que j’ai à partager aujourd’hui, malgré les histoires assez incroyables de journées de brassage folles qui finissent à 2H du matin couvert de bière, les blessures en tout genre, les festivals géniaux, les rencontres innombrables… Bref, la meilleure anecdote pour moi ça reste quand même l’histoire autour de mon tout premier brassin, et surtout de sa dégustation, que je n’oublierai jamais !
La version courte :
Du matériel de brassage approximatif, une recette faite maison par un débutant n’ayant encore rien lu d’autre que les discussions de brassageamateur.com et un résultat pour le moins… explosif ☢
Mon meilleur ami s’en souvient encore comme au premier jour, 7 ans après 😂
Pour les curieux, voici le reste de l’interview sur Studio-Madame.fr :
Avec des questions variées relatives à mes choix artistiques pour les étiquettes, ma philosophie, la bière et le monde de la bière… Et profitez-en pour regarder un peu ses créations 😉
https://www.studio-madame.fr/2020/09/09/quentin-mangel-de-la-brasserie-du-vallon/
Et pour les très curieux, voici la version longue de l’anecdote :
C’était en 2013, enfin libre dans mon premier appartement étudiant à Belfort, j’ai commandé des ingrédients sur internet sans que mes parents le sachent et j’ai brassé avec les moyens du bord. C’était dans mon petit studio de 12m² équipé petites casseroles et de plaques chauffantes pourraves, sans thermomètre pour maîtriser la température d’infusion des céréales (mes seuls doigts en guise de thermomètre), sans filtre correcte pour retirer les grains après le brassage (j’ai utilisé ma passoire en plastique trop petite), sans cuve de fermentation correcte et étanche (j’ai fait avec un simple saladier recouvert d’une assiette !)… et surtout sans moulin pour concasser les céréales (il a fallu être ingénieux, utilisant des altères décathlon qui avaient un bout un peu sphérique comme des pilons !).
C’était TRÈS artisanal, mais ça a fonctionné, ça a fait de la bière à peu près buvable…
(je rappelle qu’à l’époque les kits de brassage bien faits et faciles dans ce genre n’existaient pas)
Et c’est là que commence la seconde et meilleure partie de l’anecdote, la dégustation !
C’était quelques semaines plus tard, un jour ensoleillé à Cernay (juste à côté de mon village natal de Steinbach), chez mon meilleur ami Alexandre. On s’était donné rendez-vous pour une après-midi gaming + bière, comme a notre habitude. J’ai ramené fièrement ma première création, c’était une recette de bière blanche (brassée en « tout grains »), que j’avais longuement créé tout seul en lisant des conseils sur internet.
J’y avais mis tu temps et beaucoup de cœur, malgré les moyens limités. Je lui raconte le processus et quand enfin il est l’heure de goûter le précieux breuvage, par précaution je me rends dans la salle de bain au-dessus de l’évier au cas-où la bière se mettrais à mousser abondamment… ce qui n’a pas manqué de se produire au moment de faire sauter bruyamment le bouchon de cette bouteille Fischer de récup’ !
🍾 🍾 🍾
Et là, réflexe humain mais très con : j’ai voulu empêcher la mousse de sortir en mettant mon doigt sur le goulot…
Erreur fatale !
J’ai été très présomptueux de penser être capable de retenir plusieurs bars de pression avec un seul doigt. Du coup, tel les vainqueurs d’une course de formule 1 avec leurs bouteilles de champagne, j’ai créé un magnifique et puissant jet de mousse qui est allé s’étaler sur toute la longueur du beau miroir de 2m qui me faisait face !
Une seconde de stupéfaction face à tant de connerie, puis un fou-rire, un quart d’heure de nettoyage et on a enfin pu goûter cette bière très très moyenne, pleine de morceaux de levure flottants au gré des bulles, trop amère, trop trouble et au fort goût de levures évidemment…
Mais ça ne m’a pas découragé !
« Keep on brewing » diraient nos amis anglais 😉
Depuis ce jour je me suis bien amélioré (et heureusement !), j’ai lu moult bons livres de brassage, j’ai expérimenté, et j’ai créé ma brasserie et s’en sont suivi des dizaines de recettes d’hydromel et de bières originales appréciées et partagées par un nombre incroyable de personnes au fil des années.
En somme, une belle aventure avec un départ que ne payait pourtant pas de mine ! Il ne faut jamais se laisser décourager, expérimenter et toujours essayer de s’améliorer, c’est la clef 😉
Et sur ces belles paroles… À très bientôt !
Brassicolement,
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