Comment créer une micro-brasserie artisanale ? – Question de la semaine n°4

Salut l’ami, viens par ici, j’suis sur que toi aussi tu t’es déjà posé cette question !

 

Et oui, ça fait déjà 7 jours depuis le dernier article de la série.

Je sais pas pour vous, mais perso avec les fêtes je n’ai pas vu le temps passer.

 

Aujourd’hui je remercie Brico45, un de mes plus assidus et actifs lecteurs, pour sa question à la fois très intéressante et plutôt complexe !

 

Je suis heureux, grâce à votre participations régulières je peux continuer mon défi hebdomadaire : rédiger un article par semaine pour répondre à toutes les questions que je reçois !

Tous ces articles t’attendent bien rangés dans la catégorie « Question de la semaine » 🙂

 

Et la question de cette semaine est …

 

Comment créer une micro-brasserie ?

Je vais essayer de répondre aussi clairement que possible, mais écrire une bonne réponse à cette question m’impose de regarder en arrière sur les neufs derniers mois pour en extraire l’essentiel… et surtout essayer de ne pas trop parler sinon je vais faire un roman comme d’hab !

Ça tombe bien, un 29 décembre, c’est juste le bon moment pour une rétrospective sur 2016 et sur l’état d’avancement de mon projet de micro-brasserie.

 

I – Bâtir le projet

Avant de vouloir se lancer dans un projet entrepreneurial d’une telle envergure il faut mûrement y réfléchir !

Peser le pour et le contre, analyser sa propre situation, ses compétences, mais aussi le marché, les concurrents, la législation …

 

Établir un business plan, essayer d’estimer les besoins en financement, les partenaires avec qui entrer en contact, les démarches légales à réaliser.

Surtout il ne faut pas hésiter à se faire aider à cette étape !

 

C’est après avoir réfléchi un peu de son côté pendant un bon mois environ, que je conseil de se rendre au SPI, le Stage de Préparation à l’Installation (clique pour voire mon article sur ce stage) !

Je rappel que le SPI est obligatoire en France pour tous les créateurs d’entreprise artisanales.

 

Je conseil de faire ce stage obligatoire après avoir fait des recherches préalables sur les sites des administrations (Douanes, légifrance, …) et des organismes français (AFE (ex-APCE), …) ou même les communautés en ligne (blog et forums de Gautier Girard).

Comme ça vous arriverez au SPI plein de questions pertinentes et déjà un peu formé, pour ne pas être écrasé par la dure réalité des chiffres, les nombreux acronymes et des lois françaises.

 

À cette étape il peut parfois être intéressant de commencer à définir un peu l’identité visuelle de la brasserie aidé d’un graphiste, trouver un nom à sa micro-brasserie, réfléchir aux bières qu’elle proposera, aux services quelle offrira, aux événements auxquels elle participera …

Bref, rêver un peu tout de même !

 

J’insiste sur l’intérêt de faire appel à un vrai graphiste, quand je vois mon logo avant et après le passage d’une graphiste sérieuse, y a pas photo !

L’identité visuelle est un bon investissement, c’est à travers elle qu’on vous verra et qu’on vous jugera avant même la dégustation, attention à éviter l’apparence trop amateur…

 

II – Créer l’entreprise

Le projet est défini, planifié, structuré, mûrement réfléchi…

Maintenant il faut créer la structure administrative qui rendra ce projet possible : l’entreprise !

1. Le choix du statut

Là je ne pourrais pas donner une réponse générale tant il existe de situations et de solutions différentes… Cherchez l’aide d’un expert comptable sérieux pour vous aiguiller si vous n’y connaissez rien ! 

  • SAS
  • SARL
  • SASU
  • EIRL
  • autoentreprise …

Et sans prendre en compte toutes les variantes relatives aux différents régimes d’imposition, aux employés, aux investisseurs…

 

Suite au SPI le choix du meilleur statut pour l’entreprise devrait être fait et il suffira de prendre contacte avec le CFE (Centre de Formalité des Entreprises) de votre région, c’est à dire la Chambre des Métiers pour nous autres les artisans brasseurs !

Ils sauront vous guider très efficacement à travers les méandres des démarches nombreuses et interminables imposées par le système de contrôle français.

 

2. Les douanes

Et en plus de l’administration française, vous allez avoir à faire aux douanes.

 

Mais comme rien n’est jamais simple avec les douanes, tout est souvent très différent d’une région à une autre ! Certaines régions sont plus strictes que d’autres semble-t-il.

L’idéal est donc de prendre contacte avec le service des douanes local pour leur demander par mail ou par téléphone comment faire pour s’enregistrer en tant qu’EA (Entrepositaire Agréé) et pour connaitre les obligations des brasseurs.

En France il faut être EA pour avoir le droit de produire de l’alcool professionnellement et pour pouvoir déclarer sa production aux douanes. QUEL QUE SOIT LE VOLUME PRODUIT !

 

3. La marque et le site web

Ensuite, il est certainement judicieux de déposer une marque auprès de l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI), pour protéger et surtout réserver le nom de la brasserie.

 

Pour faire un site web pro, passez par un vrai hébergeur web comme OVH ou Easy-Hebergement, et non pas par des hébergeurs gratuits comme Overblog ou Blogger.

Je pourrais vous expiquer en long en large et en travers pourquoi, mais ce n’est pas le sujet. Pour faire simple : propriété des données, personnalisation, fonctionnalités, SEO.

 

C’est aussi important de penser à réserver un nom de domaine simple, clair, court et parlant, de préférence au nom de la brasserie évidemment.

Et c’est là que vous serrez confrontés au choix cornélien : brasserieduvallon.fr ou brasserie-du-vallon.fr ?

J’ai choisi sans les tirets parce que c’est plus simple et rapide à écrire, même si Google aime moins ça pour faire ses classements parait-il !

 

4. Chercher un local

Ensuite, pour finir de créer son entreprise et avant de pouvoir s’installer, il faut trouver un local adapté !

Enfin dans certains cas il faudrait plutôt rechercher le local avant même de créer l’entreprise, tout dépend des situations particulières de chaque projet…

 

Attention à bien tout prendre en compte par rapport aux besoins d’une micro-brasserie et par rapport au droit de s’installer ou non !!

Dans certaines villes ou communes il y a des interdictions ou au contraire des incitations à installer des activités artisanales dans certaines zones (ZFU avec exonérations de taxes, réductions fiscales, primes, aides …)

 

Et puis il faut penser à énormément de choses pour choisir où installer sa brasserie :

  • l’approvisionnement en eau, en électricité, en gaz…
    .
  • les possibilités de se faire livrer en camion
    .
  • le traitement des déchets solides et liquides
    .
  • les espaces de stockage de matières premières et produits finis
    .
  • l’emplacement des éventuels bureaux ou de la boutique
    .
  • la taille du local pour brasser  
    .
  • l’emplacement par rapport à la clientèle et la concurrence
    .
  • la possibilité de s’agrandir un jour
    .

Et je suis certain que j’en ai oublié certains en cours de route !!

 

N’hésite surtout pas à partager dans les commentaires tes critères de choix d’un local pour une micro-brasserie artisanale ou tout autre entreprise d’ailleurs ! 

Fait-nous profiter de ton regard extérieur sur la question 😉

 

Personnellement le local je le possédait déjà : la cave de mes parents ! 

Avantages énormes : pas de temps de trajet, pas de loyer ni de contrat et les proprio me font même la lessive et la cuisine 😛

Le plus gros problème restant l’aménagement d’un local de brasserie adapté à mes besoins et si possible pas trop cher !

J’en parlerai dans le prochain journal de bord illustrés

 

En résumé c’est vraiment beaucoup de démarches administratives assez barbantes, comme vous avez pu le voir dans mes journaux de bord du projet (et encore, je ne suis qu’autoentrepreneur !) :

Journal de bord du projet #7 – Encore les douanes !!

Journal de bord du projet #5 C’est parti !!

Journal de bord du projet #4 Entrepositaire agréé…

 

III – S’installer

Là c’est le moment où les choses deviennent concrètes !

1. S’équiper

Une fois le local trouvé, les financements récoltés et l’entreprise créé, il faudra acheter le matériel de brassage :

Cuves de brassage, brûleurs ou résistances, pompes, tuyauterie, raccords, fermenteurs, groupe froid, refroidisseur à moût, embouteilleuse, étiqueteuse, moulin à malt, mélangeur, pH-mètre, thermomètres …

 

Mais avant d’acheter le matériel il faudra avoir réfléchi à la manière dont vous aller brasser et définir le budget que vous avez !

 

2. Aménager le local

Et puis en plus d’acheter le matériel, il faudra aussi très certainement réaliser des aménagements dans le local, sauf si il à été construit de toutes pièces pour l’occasion.

Le local doit être aux normes en matière d’électricité, d’accueil du publique, de sécurité et d’assurance…

Mais il semblerai qu’aujourd’hui il n’y ai pas de législation très claire au sujet des normes pour les locaux de brassage.

 

J’ai pourtant demandé aux douanes, à la chambre des métiers et à la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations : nada !

Ils n’ont pas été capables de trouver quoi que ce soit à me dire ou de me diriger vers un service compétent, ni même aucun texte de loi pour me renseigner.

 

Donc si tu as la moindre piste de réflexion ou la plus petite bribe d’information à ce sujet : partage la absolument en commentaire ou par mail si tu ne veux pas que ça soit publique 🙂

 

3. Faire les choses bien

Ah et tant que j’y suis, il ne faut parfois pas hésiter à dépenser quelques euros (ou centaines d’euros …) en plus pour s’offrir de la simplicité, de la tranquillité et surtout de la qualité !

On est à peu près tous capables de faire 90% des étapes de l’installation d’une brasserie par nous-même pour peu qu’on ai un minimum de matériel et un esprit ingénieux/bricoleur.

Mais bien souvent on oublie de prendre son temps en considération !

On économise certes un peu d’argent mais bien souvent au prix de notre précieux temps et au détriment de la qualité finale

 

C’est pour la même raison que je recommande aux brasseurs amateurs débutants de lire de bons livres techniques , quitte à devoir débourser quelques euros.

On est tous capables de perdre notre temps à rechercher par nous-même des informations contradictoires sur internet, pour au final perdre du temps et même de l’argent dans des erreurs facilement évitables !

 

4. Réfléchir avant d’agir

Une dernière chose, ça peut paraître évident, mais dans l’excitation du projet on à parfois tendance à brûler les étapes :

 

C’est bien plus simple de faire tout de suite les choses bien au lieu de devoir ensuite corriger parce que telle cuve est trop basse, tel robinet est inaccessible, tel procédure est inutile et fatigante … il faudrait si possible essayer de faire de l’ergonomie de conception !

Visualiser, faire des plans, des schémas, des simulation, réfléchir à plusieurs, poser des questions à des brasseurs expérimentés ou même à des brasseurs amateurs ingénieux et débrouillards par nature 😉

 

Parfois il ne faut pas hésiter à faire une maquette très simple taille réelle avec de simples bouts de carton.

Ça peut paraître cheap, mais si on me l’a enseigné en école d’ingénieur, c’est pas pour rien !

Ça permet d’évoluer physiquement dans l’environnement de travail et de faire des modifications avec pour seuls outils du scotch et un cutter : simple et efficace pour visualiser toutes les idées possibles.

 

IV – Lancer l’activité

Voila, le premier brassin approche, le moment est venu d’acheter tous les consommables !

Bouteilles, produits nettoyants, houblons, malt, levures, épices…

 

Et c’est là qu’on se rend généralement compte qu’on à pas prévu un espace de stockage assez grand et de qualité (mites, rongeurs, humidité, chaleur, poussière …) !

Bon, je vous le souhaite pas, mais c’était pour illustrer le fait que concrétiser le projet amène souvent à réaliser des choses qu’on avait peut-être oublié, d’où l’intérêt de se faire soutenir par des personnes compétentes, et de chercher quelques fois des regards extérieurs au projet.

 

Ça sera aussi le moment de faire imprimer les étiquettes et éventuellement des packaging (6 pack, sachets, caisses) à effigie de la marque et de mettre en ligne le site web ou au moins une page facebook.

C’est essentiel de nos jours pour partager l’actualité de son entreprise avec sa communauté et pour prendre du plaisir à interagir avec cette même communauté toujours très sympathique 🙂

 

Et puis voilà que vous arrivez au jour tant attendu du premier brassin !

Le matériel de brassage est installé à sa place et opérationnel, il n’y à plus de fuites suite aux divers tests à l’eau claire, tous les ingrédients sont là, il ne manque plus que la première recette et un brasseur motivé et disponible 🙂

 

V – À qui le tour ?

Si tu as lu cet article et que tu est à n’importe la quelle des étapes citées si-dessus, surtout, laisse un commentaire !!

Je veux connaitre dans les moindres détails tous les éléments de ton projet de micro-brasserie 😉

Même si tu n’en est qu’au simple stade du rêve ou de l’idée, participe à la discussion !

 

Brasseur pro expérimenté ou en cours d’installation : partage tes plus grandes questions, craintes ou difficultés dans les commentaires !

Et aide la communauté des brasseurs a aller de l’avant en partageant ton expérience et en débattant avec nous 🙂

 

Les autres questions de mes lecteurs :

 

Pour avoir une petite idée de la place de ce projet et du blog dans ma vie d’étudiant, et surtout le temps que je consacre à ce rêve que je suis entrain de concrétiser :

La toute première question ! – Question de la semaine n°1

 

Pour tout savoir de mon CV de brasseur, de mes premières expériences au lancement de mon projet pro :

Mon expérience en brassage ! – Question de la semaine n°2

 

Pour en apprendre plus sur le côté financier de la Brasserie du Vallon, sur ce que ça me coûte, sur mon rapport à l’argent et surtout sur le prix des bières artisanales que je proposerai :

Question d’argent ! – Question de la semaine n°3

 

N’oublie pas ce que j’ai dit dans l’article d’introduction de ce nouveau concept d’articles spécialement pour vous mes lecteurs curieux : toutes les questions sont permises ! 

Un nouveau style d’article spécialement pour toi ! 😉

 

À très bientôt pour d’autres questions/réponses, d’autres expériences, d’autres surprises !  🙂

Envie de partager ?
  • Brico dit :

    Whaou Bravo super article !!!!

    Brasserie avec – pas mal xd.

    Encore du bon boulot ?

    • Hé Hé 🙂

      Ravi de voir que mon article te satisfait !

      Surtout repasse et laisse un commentaire si ton projet de brasserie devient plus qu’une simple idée 😉
      J’espère que mon article saura te rassurer et te guider au moins un peu si tu décide de te lancer !

      Et concernant le nom de domaine, je trouve aussi brasserie-du-vallon.fr plus esthétique, mais de toutes façons maintenant je ne peux plus trop changer !

      Encore merci pour ta super question, sincèrement !

      Bonne année et à bientôt dans les prochains articles du coup !! 😉

      PS : C’est vraiment top toutes ces questions qu’on me pose toutes les semaines, ça me force à réfléchir sérieusement et à organiser mes idées pour les présenter clairement.

  • JulienFcn dit :

    Salut Quentin ! Cool ton article, j’aurais pensé que tu aurais plus insisté sur les procédures administratives (tu as l’air d’avoir pris beaucoup de temps pour faire tous les papiers).
    De notre coté pendant les fêtes on a commencé à faire un local pour brasser (en amateur) plus facilement, on envisage une brasserie pour 2018 mais pour le moment c’est que un projet.

    Merci encore pour tes articles !
    Julien

    • Salut Julien 🙂

      En effet j’ai passé beaucoup de temps le nez dans la paperasse et à faire des recherches pour trouver mes réponses.

      J’en aurais volontiers parlé plus en détails mais ça aurai donne un article long, chiant et inutile !

      En effet il existe des centaines de situations possibles et à chaque situation ses propres démarches et ses propres réponses !

      Mais si jamais en 2018 ou même avant tu as des questions bien précises sur les démarches, je me ferrai un plaisir de t’aider 😉

      A bientôt dans les commentaires !! Et bonne année 🙂

      A+

  • Alexandre dit :

    Bonjour,
    Super article, je suis néanmoins surpris d’apprendre que tu es EA en brassant dans une cave, sur une propriété privée. Les douanes de ta région ont acceptés sans broncher ? Tu as un acces à ta production /stockage avec un acces ne passant pas par une propriété privée ?
    Je suis en recherche d’un local, et j’ai personnellement cette galère…

    • Salut,

      Il s’avère qu’en 2016 quand j’ai demandé mon agrément c’est passé comme une lettre à la poste. Faut aussi dire que j’étais un des premiers dans ma région à être autoentrepreneur-brasseur (peut-être même le premier avec ce statut ?)…

      Les douanes disent maintenant clairement, et je cite un mail reçu la semaine dernière pour un projet de micro-brasserie que j’accompagne en Alsace en tant que consultant : « Je rends attentif sur le fait que le local dédié au brassage et au stockage des bières doit être à usage uniquement professionnel et que l’on doit pouvoir y accéder directement, sans passer par des parties privatives et que l’activité de production de bière doit figurer expressément sur le K Bis. ».

      Mais finalement quand on regarde, c’est mon cas quand même avec ma cave : j’ai une pièce est dédiée à la brasserie, dont l’usage a été changé légalement pour devenir pro, accessible directement depuis la rue sans traverser d’habitation et mon code d’activité est clairement 1105Z https://www.hoggo.com/code-ape-naf/1105z-fabrication-de-biere

      Néanmoins, bon courage pour trouver un bon local, c’est vraiment crucial ! Regarde peut-être dans les ZFU et autres zones artisanales et industrielles qui offrent, en plus de locaux spacieux et relativement peu cher, des exonérations de taxes non-négligeables ! Sinon, il y a aussi les pépinières d’entreprise, qui offrent en plus souvent des accompagnements pour demander des aides d’état ou de la région pour financer tes investissements ou pour se porter caution auprès de la banque.

      Et dernière chose : attention, l’autoentreprise n’est pas forcément le meilleur statut pour toi ! Si tu ne te fais pas encore conseiller par quelqu’un de très compétent dans le domaine, va vite demander conseil à un expert comptable (c’est gratuit !!) ou à la chambre des métiers ou dans une pépinière

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